Saturday, August 16, 2008

COMMENT L'INDUSTRIE DE LA FINANCE FONCTIONNE-T-ELLE ?

En novembre dernier, la banque Wachovia valait plus de 100milliards de dollars. Il y a deux semaines de ça, elle valait 20milliards de dollars -- après avoir admis des pertes de plus de huitmilliards au second trimestre. Mais youpi... la semaine dernière, elleétait revenue à 37 milliards de dollars.
Que se passe-t-il ? Eh bien, de nombreuses personnes vous dirontque les banques font leur grand retour. N'en croyez rien. Le boom de lafinance est bel et bien terminé. Deux autres banques américaines ontfait faillite ces derniers jours -- First Heritage, de Californie, etFirst National, du Nevada.
Même les survivants ne reviendront pas aux glorieux sommets qu'ilsoccupaient il y a un an ou deux. Cela ne signifie pas pour autantqu'ils ne connaîtront pas des rebonds spectaculaires. Comme on dit àWall Street, même un chat mort peut rebondir. Mais il faudra pas mal detemps avant que les grandes banques engrangent à nouveau des profitssimilaires à ceux qu'elles enregistraient en 2003-2007 -- alorsqu'elles gagnaient des milliards en prêtant à des gens qui ne pouvaientse permettre de rembourser.
Permettez-nous de vous expliquer comment l'industrie financièrefonctionnait. Un homme empruntait de l'argent à un autre homme, quiempruntait cet argent à un autre homme, qui empruntait l'argent à laFed, à un taux plus bas que le taux d'inflation des prix à laconsommation du moment. Ensuite, le prêteur encaissait des profits surla transaction et s'accordait un bonus... tout en vendant le prêt àquelqu'un d'autre, suite à quoi tous deux encaissaient des profits ets'accordaient d'autres bonus. Le prêt était alors agrégé à d'autrescrédits infectés de la même manière, Moody's lui accordait une notationAAA, et il était revendu -- à nouveau, tout les intervenants de latransaction, femme de ménage comprise, encaissaient des profits ets'attribuaient une prime.
Durant les quatre années qui ont précédé le credit crunch,les grandes banques de Wall Street se sont versé 250 milliards dedollars de bonus. Personne ne semblait se soucier du fait que la sourcede toute cette richesse était en majeure partie une escroquerie... etque les véritables profits ne seraient jamais réalisés. A présent, lesbanques font passer les mauvais prêts en pertes et profits... et fontla manche auprès des contribuables. Mais personne n'a jamais proposé derestituer les primes, pour autant que nous en sachions.
Bien entendu, ce n'est là que le génie du capitalisme anglo-saxonmoderne -- les institutions les plus capitalistes transforment leurscapitaux en primes. Puis, lorsqu'elles sont dans le pétrin, elles fontappel aux contribuables. Bien entendu, ces derniers ont eux aussidépensé tout leur argent. L'Américain moyen a de la chance s'il peutfaire le plein -- en payant par carte de crédit ! Voilà pourquoi HenryPaulson tient tant à tromper son monde. Il sait que si les étrangers serendent compte de l'arnaque menée par les Etats-Unis, ils cesseront delui prêter de l'argent. Et là, Wall Street, Washington et lelumpenconsommateur américain seront tous dans les ennuis jusqu'au cou.
Le lumpenménage américain de base, d'ailleurs, prend des coups detoutes parts. L'inflation le frappe d'un côté... tandis qu'une crisedéflationniste le cogne de l'autre.
Ce week-end, deux titres ont retenu notre attention dans le Financial Times :
"EDF augmente le prix de l'électricité de 17%", disait l'un.
"Selon les analystes, l'économie se contracte", rapportait l'autre.
Comment un géant de l'électricité peut-il augmenter ses prix durant unralentissement ?