Trois mille milliards de dollars, c'est le coût probable de la guerre en Irak selon Joseph Stiglitz, Prix Nobel d'économie, et Linda Bilmes, professeure de finances publiques à Harvard. Sorti il y a peu aux Etats-Unis, leur livre, Une guerre à 3 000 milliards de dollars, vient de paraître en France (Fayard, 300 p., 22 €). Les deux économistes ont pris en compte les dépenses officielles, mais aussi les dépenses collatérales ou occultées grâce à un budget prévisionnel anticipant les effets macroéconomiques de la guerre. Ils ont notamment calculé ce que coûteront les soins des anciens combattants, les pensions d'invalidité, les traitements des troubles mentaux et du stress post-traumatique affectant plusieurs centaines de milliers de soldats américains. Ce calcul peut paraître froid et cynique au regard du nombre de morts, directs et indirects, que l'on a déjà tant de mal à quantifier. Mais il fallait ce détour par l'économie concrète pour réveiller notre épiderme endormi par l'annonce quotidienne de morts en Irak, un rendez-vous devenu aussi banal que la météo.