Tuesday, January 20, 2009

Trouver la paix entre fanatisme et désordre

La crise actuelle, amorcée par les provocations volontaires du Hamas, et le droit légitime de riposte d'Israël illustrent très profondément et hélas très dramatiquement l'incapacité des parties en cause à construire une politique, c'est-à-dire un mode de relations respectueux des droits légitimes de chacun. D'un côté, l'unité palestinienne n'a pu se réaliser et l'affrontement provoqué par le Hamas contre le Fatah par la forme brutale qu'il a prise a, malheureusement, renforcé l'incapacité israélienne de définir, pour sa part, une politique constructive permettant une cohabitation pacifique dans la région.


Qu'on ne s'étonne pas que je veuille ici déplorer particulièrement l'absence en Israël d'un véritable débat de politique extérieure et, par conséquent, l'absence de toute proposition constructive permettant d'envisager un avenir pacifique. C'est le droit de chaque Etat de définir le tracé idéal de ses frontières, mais, en l'occurrence, ni le gouvernement israélien ni la Knesset n'ont jamais mené un débat sérieux concernant le tracé d'une frontière avec un Etat palestinien. De même qu'ils n'ont jamais défini quel pourrait être le statut des personnes non juives à l'intérieur d'un Etat d'Israël qui irait jusqu'au Jourdain. Il est clair que c'est le Hamas qui a provoqué la crise actuelle, comme il est clair que c'est l'incapacité israélienne à définir des propositions constructives, comme à ne pas laisser au président de l'Autorité palestinienne la moindre liberté ni la moindre autonomie sur la moindre partie de la Cisjordanie, qui nourrit auprès des populations palestiniennes des sentiments favorables au Hamas.

Quelques jours avant son accession au pouvoir, Ariel Sharon m'avait déclaré - je le reconnais, à ma grande satisfaction - qu'il n'y avait pas de solution militaire, mais seulement une solution politique au conflit. Il est tragique pour moi de devoir reconnaître aujourd'hui que le système électoral et politique d'Israël porte une part importante, sinon déterminante, dans le maintien d'un statu quo meurtrier qui ne bénéficie finalement qu'aux djihadistes de tous bords. Bien sûr, le vide politique est encore plus profond du côté des Palestiniens. Mais les Etats arabes, depuis la conférence de la Ligue arabe à Beyrouth, ont fait un pas important, renforcé récemment notamment par le roi d'Arabie saoudite, qui ouvrait - en reconnaissant le droit à l'existence de l'Etat d'Israël dans les frontières de 1967 - la porte d'une négociation fermée brutalement au lendemain de la guerre des Six-Jours par les trois non de Khartoum.

Il y a donc encore, du moins je l'espère profondément, un avenir pacifique possible au Moyen-Orient, à condition de ne plus se laisser piéger par le fanatisme des uns et l'immobilisme ou le désordre électoral et politique des autres. Faut-il rappeler l'initiative du président égyptien Sadate, d'abord rejetée par le premier ministre Golda Meir, puis finalement acceptée par Menahem Begin sur la suggestion de Moshé Dayan. Alors, le courage politique avait surmonté les blocages idéologiques ou, plus simplement, aveugles.

Ceux qui s'efforcent de jeter un regard au-delà des catastrophiques violences actuelles rêvent d'un Moyen-Orient où Israël, enfin de retour à son passé oriental, participerait à l'émergence politique et économique de cette région si profondément inscrite dans la marche de l'humanité.

*Théo Klein est avocat, ancien président du CRIF.

Source: Le Monde.