Quelques jours avant son accession au pouvoir, Ariel Sharon m'avait déclaré - je le reconnais, à ma grande satisfaction - qu'il n'y avait pas de solution militaire, mais seulement une solution politique au conflit. Il est tragique pour moi de devoir reconnaître aujourd'hui que le système électoral et politique d'Israël porte une part importante, sinon déterminante, dans le maintien d'un statu quo meurtrier qui ne bénéficie finalement qu'aux djihadistes de tous bords. Bien sûr, le vide politique est encore plus profond du côté des Palestiniens. Mais les Etats arabes, depuis la conférence de la Ligue arabe à Beyrouth, ont fait un pas important, renforcé récemment notamment par le roi d'Arabie saoudite, qui ouvrait - en reconnaissant le droit à l'existence de l'Etat d'Israël dans les frontières de 1967 - la porte d'une négociation fermée brutalement au lendemain de la guerre des Six-Jours par les trois non de Khartoum.
Il y a donc encore, du moins je l'espère profondément, un avenir pacifique possible au Moyen-Orient, à condition de ne plus se laisser piéger par le fanatisme des uns et l'immobilisme ou le désordre électoral et politique des autres. Faut-il rappeler l'initiative du président égyptien Sadate, d'abord rejetée par le premier ministre Golda Meir, puis finalement acceptée par Menahem Begin sur la suggestion de Moshé Dayan. Alors, le courage politique avait surmonté les blocages idéologiques ou, plus simplement, aveugles.
Ceux qui s'efforcent de jeter un regard au-delà des catastrophiques violences actuelles rêvent d'un Moyen-Orient où Israël, enfin de retour à son passé oriental, participerait à l'émergence politique et économique de cette région si profondément inscrite dans la marche de l'humanité.
*Théo Klein est avocat, ancien président du CRIF.
Source: Le Monde.