Monday, July 21, 2008

Echange de prisonniers au Proche-Orient

Israël et l'organisation chiite libanaise, le Hezbollah, ont négocié un échange de prisonniers : les corps de deux soldats israéliens, dont l'enlèvement il y a deux ans avait déclenché une guerre entre les deux Etats, ont été échangés contre les dépouilles mortelles de 200 Libanais. Cinq combattants du Hezbollah ont par ailleurs été relâchés, dont le terroriste Samir Kuntar. La presse européenne débat des répercussions de cet échange pour cette région en crise.

Tagesanzeiger (Suisse)
Si des terroristes vivants sont échangés contre des soldats morts, le Hezbollah est clairement du côté des gagnants, écrit le quotidien Der Tagesanzeiger : "Sous la pression de ses membres, de l'opinion publique et de son propre échec, le gouvernement israélien de Ehoud Olmert a donné son accord pour cet échange. Il n'en retirera pas un grand avantage pour lui-même. Il est trop évident que le camp adverse fait avant tout partie des opportunistes, capables d'accueillir en héros jusqu'à un vulgaire criminel. ? Le gouvernement Olmert ? n'enregistrera aucune victoire politique à compter de ce jour. Il faudra lui demander pourquoi il ne se livre pas au même échange de prisonniers avec le Hamas pour libérer [le soldat israélien] Gilad Shalit. Le Hamas sera même tenté d'augmenter encore son prix. En effet, les deux parties évoluent sur un marché dans lequel les détenus ne sont pas soumis à une procédure basée sur le droit : ils ne sont que des marchandises."


La Razón (Espagne)
"L'organisation terroriste Hezbollah a enregistré hier une grande victoire de propagande grâce à l'échange des dépouilles mortelles de deux soldats israéliens contre l'un de ses plus sanglants responsables", déplore le quotidien espagnol La Razón après l'échange de prisonniers entre Israël et le Liban. "Cette victoire de propagande n'est pas une bonne nouvelle, ni pour la paix au Proche-Orient, ni pour le Liban en crise, ni non plus pour les troupes espagnoles qui y sont stationnées."


La Repubblica (Italie)
Le quotidien La Repubblica voit des avantages dans l'échange entre Israël et le Hezbollah : "La joie du Hezbollah est justifiée. C'est avec lui et non avec le gouvernement du Liban qu'Israël a négocié l'échange de prisonniers. C'est mauvais signe dans un sens car cela met à jour la faiblesse de l'Etat, mais c'est aussi positif car cela montre des dispositions au dialogue. Le tournant diplomatique désamorce le danger d'une nouvelle guerre civile et a redonné sa place à la Syrie, c'est un point que Nicolas Sarkozy peut s'accorder. ? Même les centrales gouvernementales occidentales qui s'obstinent à qualifier les chiites de terroristes ? ont exprimé leur soulagement quant à l'implication du Hezbollah dans la formation du gouvernement. Une normalisation qui ne déplaît pas même à Israël, qui paye pour cela le prix fort."


The Independent (Royaume-Uni)
Le quotidien The Independent espère que l'échange de prisonniers entre Israël et le Liban marquera un nouveau départ pour la région : "L'échange macabre de prisonniers qui a eu lieu hier entre Israël et le Liban a été généralement présenté comme le dernier chapitre d'une guerre malheureuse qui a duré deux ans. Et sur bien de points, c'est effectivement le cas. ? Certains pourraient voir dans la cérémonie solennelle d'hier une certaine symétrie qui n'est pas totalement inappropriée. L'échange de prisonniers semblait aussi déséquilibré que la guerre elle-même, qui a coûté la vie à 157 Israéliens et à plus de 1200 Libanais. ? Toutefois, une vulgaire compensation du nombre de victimes est trompeuse. Israël a toujours accordé une grande importance aux citoyens qu'elle faisait prisonniers, et c'est pour cette raison que les prisonniers d'Israël sont aussi précieux aux yeux de leurs ennemis comme monnaie d'échange. ? L'échange de prisonniers d'hier ne marque pas seulement la fin d'un chapitre regrettable mais pourrait - nous l'espérons - marquer le début de quelque chose de nouveau et de meilleur."