Monday, July 14, 2008

Sarkozy réunit le Proche-Orient

Avant la réunion de l'Union pour la Méditerranée les dirigeants syrien et libanais se veulent constructifs.

Il y avait bien longtemps que la salle des fêtes du Palais de l'Élysée n'avait pas autant mérité son nom. Devant les lourdes tapisseries, sous les os du plafond et des lustres de cristal, un spectacle inédit.

À la même table que Nicolas Sarkozy et l'émir al-Thani du Qatar, deux des frères ennemis du Moyen-Orient: le président de la République libanaise, Michel Sleimane, un peu contrit, et Bachar el-Hassad, président de la Syrie qui a occupé militairement le Liban, qui est montrée du doigt dans l'assassinat de son Premier ministre Rafic Hariri en 2005, - comme elle le fut derrière l'attentat du Drakkar qui a couté la vie à 58 soldats français le 23 octobre 1983 à Beyrouth- et qui est soupçonnée de toujours dicter sa conduite à la puissante milice chiite du Hezbollah.

"La France fidèle à elle-même à un message de paix à délivrer. C'est facile de parler à ceux qui nous ressemblent. C'est plus compliqué, mais plus utile, de tendre la main à ceux avec qui on a des contentieux" a expliqué Nicolas Sarkozy. Tout sourire et même charmeur, Bachar el-Assad confirme qu'il est favorable à l'échange d'ambassadeurs avec le Liban, ce que réclame Beyrouth depuis longtemps.

Mais au-delà, il confirme que les négociations indirectes avec Israël entamées il y a quelques semaines, pourraient se transformer en négociations directes quand un nouveau président américain aura été élu. Et il demande clairement à la France de servir alors de "parrain" avec les USA.

Bachar el-Assad n'a pas été très clair sur le fait de savoir si ces négociations porteront sur une paix séparée avec Israël, traitant uniquement de la question du Golan occupé par l'État Hébreu depuis 1967, ou si elles devraient aussi inclure la question palestinienne, le devenir de Jérusalem et le retour des réfugiés palestiniens. "Le seul fait d'évoquer l'hypothèse de négociations directes est déjà une bonne nouvelle" estime Nicolas Sarkozy.

C'est le président français qui sort la Syrie de l'isolement diplomatique, et lui propose un accord d'association avec l'Union européenne : "C'était un choix politique important, je suis sûr que vous serez à la hauteur de l'invitation" a lancé Nicolas Sarkozy (qui se rendra en Syrie en septembre) en regardant son hôte dans les yeux.

Un hôte qui, en contrepartie, n'a fait qu'un petit pas dans le dossier de la bombe atomique que chercherait à fabriquer son allié iranien. Bachar el-Assad a d'abord utilisé la langue de bois en indiquant qu'il n'avait pas de preuve que Téhéran développerait un programme nucléaire militaire.

Mais il s'est dit opposé à la présence d'armes de destruction massive au Proche-Orient. Des propos qui seront sans doute appréciés par Ehud Olmert. Le Premier ministre israélien sera à Paris aujourd'hui, il rencontrera Nicolas Sarkozy et Mahmoud Abbas, avant d'avoir un tête à tête avec le président de l'Autorité palestinienne. Nicolas Sarkozy a jugé "émouvant" le seul fait qu'un Premier ministre israélien puisse s'asseoir à la même table que les chefs d'État arabes.

Nombreux étaient ceux qui se demandaient à quoi pouvait servir l'Union pour la Méditerranée voulue par le président de la République, et qui sera lancé aujourd'hui par la réunion de 43 chefs d'État et de gouvernement. Elle réunira les deux rives autour de projets communs de dépollution de la mare nostrum, d'énergie solaire, de gestion des flux migratoires.

Elle a pris hier dès sa naissance les allures d'une mini Onu où se discuteront les problèmes de guerre et de paix au Proche-Orient.

Par Thierry Noir pour Laprovence.com