Monday, July 14, 2008

Sarkozy veut asseoir son influence au Proche-Orient

Le président français Nicolas Sarkozy va profiter du baptême de l'Union pour la Méditerranée (UPM) à Paris pour rencontrer quelques acteurs-clés du conflit au Proche-Orient avec l'ambition d'imposer la France et l'Europe sur ce théâtre dominé par les Etats-Unis.

Ce sommet va réunir, dimanche après-midi, une quarantaine de pays, dont Israël et la Syrie, autour du nouveau partenariat euro-méditerranéen, un projet phare de M. Sarkozy. Avec sa double casquette de chef de l'Etat français et de président de l'Union européenne (UE), Nicolas Sarkozy déjeunera avec l'Egyptien Hosni Moubarak, qui coprésidera avec lui le sommet de l'UPM, avant de recevoir le Libanais Michel Sleimane et surtout Bachar al-Assad, pour un entretien qui doit signer le retour du président syrien sur la scène internationale.
Dimanche matin, il recevra l'Israélien Ehud Olmert et le Palestinien Mahmoud Abbas, avec lesquels il doit faire une «déclaration à la presse».
Sept ans après son dernier séjour sur le territoire français, la visite de Bachar al-Assad constituera le morceau de choix de l'agenda proche-oriental du président français, mais aussi le plus contesté.

Après l'assassinat de son «ami» l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri en février 2005, le prédécesseur de M. Sarkozy, Jacques Chirac, avait gelé tout contact avec Damas, fortement soupçonnée par la communauté internationale, malgré ses dénégations, d'en avoir été le commanditaire.
L'an dernier, Nicolas Sarkozy a souhaité interrompre cette quarantaine, avec l'espoir de trouver une solution à la crise libanaise. Une fois Michel Sleimane élu à la présidence du Liban, il a invité Bachar al-Assad au lancement de l'UPM avec le souci d'»encourager» la «bonne volonté» syrienne.
Mais la visite du numéro un syrien, dont même l'Elysée concède qu'il n'est pas «un parfait exemple de respect des droits de l'Homme», et son éventuelle présence au défilé de la fête nationale du 14 juillet a suscité un tollé en France. L'opposition de gauche et les ONG y voient un remake du séjour tumultueux du Libyen Mouammar Kadhafi à Paris en décembre.

Nicolas Sarkozy a répondu à ces critiques en saluant mardi au sommet du G8 au Japon la «quasi-unanimité de nos partenaires» sur l'invitation lancée à Bachar al-Assad. «Même nos amis américains (...) ont convenu que c'était quelque chose d'utile». Le président a ajouté que «des décisions» seraient annoncées à l'issue de sa rencontre. L'une pourrait être une visite en Syrie, déjà largement évoquée dans son entourage. Dans un entretien mardi à l'AFP, Bachar al-Assad s'est réjoui du virage engagé par Nicolas Sarkozy et souhaité que la France joue «un rôle important» dans le processus de paix au Proche-Orient. C'est avec cette ambition d'occuper le terrain laissé provisoirement vacant par Washington avec la fin du mandat du président George W. Bush que Nicolas Sarkozy réunira dimanche le Premier ministre israélien et le président de l'Autorité palestinienne.

L'état du processus de paix suggère que la rencontre Olmert-Abbas ne devrait
pas accoucher de beaucoup plus qu'une poignée de main devant les caméras. Mais, comme il l'avait annoncé devant le Parlement israélien il y a deux semaines, Nicolas Sarkozy reste décidé à apporter sa pierre à la recherche de la paix. «Si la France et l'Europe peuvent jouer un rôle pour faire avancer la paix, franchement il faut le faire», a-t-il dit au Japon. «Je suis très heureux que la France prenne sa place dans une région du monde où l'Europe amène beaucoup d'argent mais n'y avait pas mis, me semble t-il, le même investissemen politique».
----------------------------------------------------------

Paris capitale diplomatique

La France se transforme ce week-end en carrefour diplomatique de l'Europe et du Proche-Orient, avec une rencontre controversée samedi entre le Syrien Bachar al-Assad et Nicolas Sarkozy suivie le
lendemain du sommet lançant «l'Union pour la Méditerranée», avec plus de 40
dirigeants. Moment particulièrement attendu, l'entretien entre les présidents syrien et français au palais de l'Elysée doit consacrer la normalisation des relations entre Paris et Damas, gelées par la France après l'assassinat en 2005 de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri.

Damas effectue ainsi son retour sur la scène diplomatique, malgré les protestations d'opposants au régime et de défenseurs des droits de l'Homme, après sa mise en quarantaine par les Occidentaux. Paris dit vouloir «encourager» l'évolution de Damas après le déblocage de la situation au Liban marqué par l'élection du président Michel Sleimane. La France a expliqué qu'on ne «peut pas travailler qu'avec des démocrates» et qu'il fallait «encourager» ceux qui peuvent contribuer à la paix. Le sommet remettra sans doute à plus tard des questions épineuses sur le fonctionnement de l'UPM, notamment la taille et le siège de son
secrétariat général.

www.lematin.ma